Introduction: Glen Kalem-Habib
Researcher: Francesco Medici
Transcriptions: Philippe Marysael
Graphology by definition is summed up as "the analysis of the physical characteristics and patterns of handwriting claiming to be able to identify the writer, indicating the psychological state at the time of writing, or evaluating personality characteristics"
It is not quite known when Mary Elizabeth Haskell (1873-1964) developed a strong interest in the pseudoscience of graphology, but upon the recent discovery of a French article translated by Fouad Sader for the Lebanese-French Magazine "La Revue du Liban" on the 12th of November 1944, we now have a glimpse of what those skills were like.
In this article, the study was not of Kahlil Gibran's handwriting (although we would presume there is one), but rather of his close friend and contemporary, Ameen Rihani. The scanned article is not in the best of conditions and some text is illegible due to the pre-conditioned creases and folds. We can also note with certainty that this was originally written in English by Haskell, before being translated into French. Kahlil Gibran Collective researchers have not been able to locate the original English text, so the decision was made to publish a transcript of the original French (see below).
In summary, Haskell's appraisal was mainly filled with praise and felt that Rihani had "great spiritual strength" and an "original heart, purpose and spirit" - his soul "suffered for his cause", but he later became a master of that suffering. Rihani valued "friendship" and this affected his decision-making strongly. There were many bouts of confusion and conflicts with himself, resulting in long periods of "drafts" and no concrete plans and resolutions. Loosely translated, Haskell adds this wonderful insight:
Rihani is like a man buried under tons of rocks, but he is so irresistibly alive that, despite his inability to lift this burden, he has found a way to slip an arm, a leg, or his head to take a breath. His personality, the opposite of fate, is like a weak, damp root in an immense rock: he splits the rock and goes into clarity."
La Revue du Liban – Beyrouth – le 11 novembre 1944 (page 12)
Portrait d’Amin el-Rihani d’après son écriture
Par MARY HASKELL (traduction de Fouad Sader)
Mary Haskell était la directrice de l’École «Miss Haskell» pour jeunes filles, à Boston. Très cultivée, elle était renommée pour son intelligence et sa franchise. Elle avait fait des études poussées en graphologie. L’article qui suit est une étude entreprise par Miss Haskell sur l’écriture du célèbre écrivain et philosophe Amin el‑Rihani.
Un être original, d’une grande force spirituelle : fermeté, […]vation, profondeur. Il est la vérité même, […]n être dépasse toute expression de lui-même […] croît n’avoir jamais contemplé une beauté […]it plus pure. Ce qu’il fait et dit, devient che […] eu importante – au regard de ce qu’il est ; quoi qu’il en soit, c’est son être qui le noie dans ma[…]science, comme le souffle plein et continu d’un orchestre absorbe la mélodie intermittente d’une flûte.
Il est original de cœur, de but et d’esprit – son âme […]se la clarté en elle-même comme un lys solitaire dans le crépuscule.
Voilà […] je vois de la complexité dans son écriture, incertitude dans la décision, embarras des circonstances, pratique du désenchantement, choc du destin, - et lui, toujours digne, brave et railleur […] si – y faisant face. Un jour, Rihani s’éveilla et se découvrit homme ; son souffle même lui était un fardeau et jaillissait de lui en un lourd s[…]r. Il a beaucoup souffert – en lui sévissait une lutte furieuse – mais il en est sorti maître. […]de ses nombreux « moi » peut s’élever et égale […] n «tout». Mais il a pied à terre : il se possède […] même. Pourtant il se sent parfois aussi petit et […]le qu’une goutte d’eau glissant sur une quelconque pente. La lumière faiblit puis s’éteint, la conscience elle-même se dissout. Peu importe […] ne son contact chaud et près. Son cœur s’unit à […] lui de l’ami sans discorde, aucune – c’est une adhésion pure et simple. Il est infiniment tolérant avec ses amis – le fait de l’amitié a son poids dans la balance de ses décisions : quel que soit […] individu, si Rihani est son ami, il l’est invariablement, toujours prêt, toujours responsif, se réfugiant dans sa propre intégrité.
Rihani n’a pas toujours semblé être d’accord avec lui-même ; - pour lui comme pour les autres – il y a dans sa vie une longue période de confusion, où il voyait tant et ne pouvait rien obtenir, une période dont il semble que ne sont sortis que des ébauches, des plans et des résolutions vite remisées. Les circonstances et les événements le harcelaient comme une nuit tourmentée. Il hurlait sous le supplice comme un homme à moitié enseveli sous les débris d’une ruine. Lui-même semblait en être éloigné – ou presque mort. Il menait alors une vue qui ne semblait pas être sienne, tandis que sa propre vie était latente. C’est comme le lièvre dans le buisson quand la meute peine à sa recherche et passe tout près. Rihani est comme un homme enseveli sous des tonnes de rochers, mais il est si irrésistiblement vivant que malgré son impuissance à soulever ce fardeau, il a trouvé le moyen de glisser un bras, une jambe, ou sa tête pour reprendre haleine. Sa personnalité, opposée […] destin, est comme une racine faible et humide dans un rocher immense : elle fend le rocher et passe vers la clarté.
Quelque chose a été meurtri en […] depuis, s[…] espoir s’est affaibli. Il ne compte plus sur la bienveillance du Destin, à son égard, mais il n’a pas perdu sa gaieté et son courage – et ne manque pas non plus de jouir immensément du peu de bonheur qu’il lui réserve. Il tient tout simplement l’espérance en suspens : il a trop souffert pour marier la déception à l’optimisme, mais il a trop exactement et généreusement conscience de sa propre vie intérieure, pour se laisser aller au pessimisme. Il aspire à la paix d’une façon inexprimable. Elle viendrait à lui avec le grand calme de la mer immense – la force le submergerait de joie, telle une âme qui ne fut jamais certaine de l’immortalité, et qui soudainement ressusciterait glorieusement. Mais il a assez de force pour sourire éternellement, si besoin en était. Rien ne pourrait même le vaincre : on voit se fortifier et s’accroître progressivement et inconsciemment par son esprit victorieux. Seul un pareil homme peut être l’architecte d’un pareil temple, - et quand il prendra conscience de son œuvre, il saura que Dieu était en lui, et sera satisfait.
Ce que peuvent être ou donner de plus parfait les relations personnelles, celles de Rihani le sont ou le donnent. Mais le plus parfait ne peut être engendré que par le plus parfait, à tous les points de vue. Comme tout le monde, il a de nombreuses relations de second plan – mais quand on en arrive aux relations humaines les plus élevées, c’est en lui que l’on trouve définitivement leur équivalent. Je ne puis vous décrire la solide perfection – qui est comme un art que son âme aurait pratiqué pendant des siècles – et que je retrouve dans on amitié. Elle est absolue. Mais il est évident qu’elle ne peut être telle, qu’en cas de réciprocité. La note d’une lassitude infinie résonne à travers son être, mais elle fait tellement partie de son for intérieur que rien ne peut atteindre.
Il ne peut pas profiter de la sueur des autres, ses sens ne peuvent se souiller, et il ne peut tergiverser.
Tout ce qui est délicat, beau, généreux, lui est familier. J’ai fait un long discours et le pourrais continuer, mais l’espace me manque. Il y a certainement quantité de détails que je pourrais découvrir au fur et à mesure – ainsi par exemples émotions extrêmes auxquelles il peut être sujet ; et son sens d’une présence dans la nature, tel celui que ressentit Shelley ; son extase devant les phénomènes atmosphériques : les nuages, la lumière, l’éclair, l’orage, les étoiles, le crépuscule et l’aurore ; son sens critique inégal d’une façon frappante et quelquefois singulièrement en vacance ; ses éveils amers après les idéalisations ; et ses résolutions de ne plus être trompé. En ce qui concerne les femmes, il a, je crois, une conception – non pas de ce que j’appelle la camaraderie – mais de ce qui a été de tout temps considéré l’amour le plus réel et le plus tendre – un amour qui n’a pas besoin de camaraderie, mais qui ne dévie point.
Je ne saurai dire si cette conception est en lui parce qu’il sait qu’une femme l’a aimée de ce grand amour – ou bien simplement parce qu’il sait que cette forme d’amour existe. L’échange de désir lui est familier – mais surtout, le suppose, avec des femmes qui, sur d’autres plans, sont très au-dessus de lui. Je n’ai pas l’impression qu’il ait eu des amitiés féminines – mais sans doute, des relations amoureuses insignifiantes et sans lendemain ; ce ne sont point amitiés comme nous l’entendons ; mais simples agréments. Il est né pour être gai, mais son image de la joie a été obscurcie par la peine.
Credits:
Khayrallah Center for Lebanese Diaspora Studies